Né à Wallasey, dans le Cheshire, Phil Mulloy étudie la peinture au Ravensbourne Art College dans le sud de Londres. Il se tourne vers la fiction et la télévision après avoir réalisé un court métrage d'animation grâce auquel il est admis au Royal College of Art. Diplômé en 1971, Mulloy travaille comme scénariste et réalisateur jusqu'à la fin des années 80, notamment avec Keith Griffiths, producteur des frères Quay et de Patrick Keiller. Puis il part vivre au Pays de Galles, dans une étable réaménagée, non loin de Carmarthen, et se consacre à plein temps à l'animation. 'L'Oeil du cyclone', l'histoire d'un enfant qui met fin à la cruauté humaine, contient des images étonnantes qui s'inspirent de scènes de pendaison de prisonniers de guerre russes. Ce film préfigure la vitalité iconoclaste de la décennie suivante, qui approfondira le thème de l'inhumanité de l'homme envers l'homme. 'Possession' associe la prise de vue réelle et l'animation: cette histoire du Petit Chaperon Rouge s'intéresse à la tension entre le loup comme agent du chaos et le bûcheron qui représente l’ordre ; un dispositif métaphorique que Mulloy met très souvent en place pour exposer les aspects illusoires, contradictoires et nihilistes de la société "civilisée". 'Cowboys', la série en six parties réalisée pour Channel Four, a porté Phil Mulloy sur le devant de la scène nationale et internationale. Elle a conforté son engagement dans l'animation, qui lui permet d’aborder de façon personnelle et terriblement efficace n'importe quelle question quelque soit le contexte ou le genre. Le succès de ces approches très amusantes des codes génériques et des conventions liés à la masculinité aux prises à ses excès, ont encouragé Mulloy à pousser sa recherche plus loin dans une série de films plus personnels. Le chef-d'oeuvre 'Le Son de la musique' est une illustration de la politique d'une culture violente et apparemment arbitraire, qui repose sur la séparation des classes et l'enracinement de la sexualité. Direct, plein d’esprit et stimulant, le film de Mulloy est un modèle de satire grotesque sans équivalent dans l'animation britannique. Ses 'Dix Commandements', construits sur le même modèle, allient le surréel et le social. Ils montrent un Dieu qui, en faisant l'homme à son image, a fait preuve de Ses propres faiblesses et de Son inhumanité. Quant aux points de vue de Mulloy dans 'L'Histoire du monde', ils sont aussi audacieux que leur attaque sans retenue des sensibilités conservatrices. La force et l'intensité de l'imagerie de Phil Mulloy ne fait pas seulement de l'animation une forme d'expression unique, elle révèle son auteur comme critique perspicace de l'inégalité, de l'hypocrisie et du conflit sous-jacent de la vie contemporaine.