C'est un couple de Hollandais qui appelle les gendarmes à l'aide, le 22 mai 1999. Parce qu'ils viennent de découvrir le corps sans vie d'un de leurs amis. Johan Nieuwenhuis est mort, dans une grande bâtisse de Montfort, un petit village du Gers. Il y passait quelques jours avec sa femme, Dorothéa, pour aider son beau-frère et sa belle-soeur à retaper leur maison de vacances. Et maintenant, il git par terre, dans la cuisine, les pieds et les poings ligotés par un ruban adhésif... A leur arrivée, les gendarmes poursuivent la visite de la maison où ils découvrent rapidement le reste de la famille. Marianne Van Hulst, la propriétaire, est étendue sur son lit. Ligotée et égorgée. Sa soeur, Dorothéa, a subi le même sort dans la chambre voisine. Quant à Artie Van Hust, les gendarmes retrouvent son corps, criblé de balles, dans l'atelier qui jouxte la maison. Les victimes, toutes Hollandaises, avaient une cinquantaine d'années. L'enquête commence. Dans la presse, l'affaire devient "la tuerie de Montfort" et entache la douce tranquillité gersoise qu'Etienne Chatiliez célébrait dans "Le bonheur est dans le pré". Les experts, qui passent la scène de crime au peigne fin comprennent que Johan a été torturé à l'arme blanche. Ils ramassent les bourres des cartouches tirées dans la cuisine, relèvent des empreintes digitales sur les lambeaux de ruban adhésif ainsi que la trace d'une semelle. Toutes les cartes bleues des Hollandais ont disparu. Et quelqu'un vide allègrement les comptes bancaires ! Voilà les éléments avec lesquels les gendarmes devront travailler. Dès lors, toutes les hypothèses sont envisagées : du règlement de compte au crime de rôdeur... Les gendarmes traversent même la frontière sur la piste d'un "tueur fou" allemand qui a commis quatre crimes semblables outre Rhin. Avant de se concentrer sur une piste locale. Celle d'un homme qui s'est de lui-même présenté à la gendarmerie, au lendemain de la découverte de la tuerie, pour aider les enquêteurs. Mais encore faut-il prouver qu'il est bien l'auteur de ce carnage ! Et expliquer comment il aurait pu tenir en joue quatre adultes bien portants, tout en les ficelant au ruban adhésif les uns après les autres. Malgré l'accumulation d'éléments à charge, l'homme crie à l'erreur judiciaire, jusque dans le bureau du juge où il s'entaille la gorge pour mieux le convaincre de son innocence ! Quant à ses avocats, deux ténors du barreau, ils remuent ciel et terre pour arracher leur client des griffes de la justice. Devant les micros, Maître Gilbert Collard invoque même l'affaire Omar Raddad ! Après deux procès et une condamnation, la tuerie de Montfort garde ses parts d'ombre et reste l'une des affaires criminelles les plus curieuses de ces quinze dernières années.